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132 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Ce n'était pourtant pas un Dimanche dont il voulait profiter, mais il arriva vers midi et demie. Il trouva la maison bouleversée. Assise au pied du lit de Juliette, M"*^ Gallois pleurait. M"^ Clément, toute pâle, regardait Juliette plus pâle encore et couchée. François se tenait debout près de la fenêtre et se regardait, sans se voir, dans son morceau de glace. Il était l'heure de déjeûner, mais la table n'était pas mise.

— Ah ! pauvre vieux, dit M"'^ Gallois, c'est bien malheureux, ce qui nous arrive : elle est enceinte.

Il en fut comme assommé. Le malheur, d'un seul coup, tombait sur la maison. Il ne posa point de questions. Il devinait tout.

— Il lui avait promis, dit François, de l'emmener à Paris.

Maintenant le train l'emportait à toute vitesse vers Paris, mais avec Marcelle. Même un facteur qui a l'habi- tude de marcher aurait été impuissant à le rattraper.

— Tu y serais allée ? demanda Gallois.

Elle enfouit sa figure dans l'oreiller sans répondre. C'était l'écroulement de leur vie. Ils se moquaient du qu'en dira-t-on. M™* Frébault allait en raconter sur eux :

— Je l'avais prévu. Ça leur apprendra à la laisser courir comme une dévergondée. Ils n'ont que ce qu'ils méritent.

Cela leur était égal, mais Juliette, que deviendrait- elle ? Qu'allait dire le Paul ? Ils avaient les idées larges, et s'en vantaient : qu'une jeune fille commît une faute avant le mariage, ils trouvaient cela tout naturel. Ils en avaient fait des gorges chaudes avec Thierry lors des veil- lées d'été. Mais, parce qu'il s'agissait de leur Juliette, ils

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