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128 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— J'ai été tout-à-l'heure te voir, dit-elle. Marcelle m'a presque mise à la porte. Je finis par comprendre. D'ail- leurs il y a quelque temps que j'avais commencé. Je croyais qu'elle n'était que ta cousine. Oui, vraiment.

L'homme eut un petit rire sec, et répondit :

— Et après, qu'est-ce que cela peut te faire ? Juliette continua :

— J'ai pensé que tu étais au café, et que tu passerais par ici. Il y a une demi-heure que je t'attends. Voyons : partons-nous ensemble ? Comme tu me l'avais promis. Qu'est-ce que je vais faire ici ? Puisque je suis enceinte...

Les deux gamines rougirent dans l'ombre. Leurs cœurs se mirent à battre. Juliette leur faisait de la peine. Il dit :

— T'emmener avec moi ? Qu'est-ce que nous ferions là-bas ? Et tu sais bien que c'est impossible, puisque je pars demain matin avec Marcelle.

Juliette répéta :

— Je pars demain matin avec Marcelle ! d'une voix si sourde, si poignante que l'Agathe se mit à pleurer.

— Je pars demain matin avec Marcelle ! disait Juliette comme pour se bien convaincre que, ces paroles, elle les avait non pas rêvées mais entendues. Elle ne pleurait pas.

Elle dit :

— Ainsi tout ce que tu m'avais promis, juré...

— Oh ! répondit-il, et toujours avec ce petit rire sec, on change d'avis. Allons ! bonsoir.

Il tourna les talons, partit brusquement. Juliette resta seule.

La scène avait été courte. Heureusement pour les deux gamines, sans quoi elles auraient été battues. Mais elles ne

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