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6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

cela grimace d'une manière assez pénible, à laquelle ajoute l'injure des saisons et des hommes. Il me souvient d'une époque oii je faisais des efforts inimaginables pour m'échauffer, sans y réussir, sur ces pauvretés, et pour découvrir des trésors de sincérité et d'expression dans ce qui n'est que contorsion et maladresse. Je n'aime vraiment la forme humaine qu'harmonieuse et complète, comme en Grèce ou bien sous la Renaissance, ou encore avec ces fins étirements, cette souplesse allongée, bien qu'un peu roide, des statues du quinzième siècle, qui semblent faites de matière spiritualisée. On dirait que leur attitude, la jonc- tion de leurs mains, les plis de leurs vêtements, leur équilibre même, résultent de l'imperceptible sourire qui perce de leur bouche, et dont toute leur personne est composée. Il n'y a pas que les jeunes gens et les vierges du Vinci, dont le visage soit énigmatique. Ces joues, renflées légèrement au coin des lèvres, de la Sainte-Anne et du Bacchus, cette âme impénétrable, est-ce ironie, est-ce tris- tesse ? on ne sait, qui affleure, je les ai retrouvées à Saint-Nazaire de Carcassonne, dans les figures de la Vierge de l'Annonciation et de l'évêque Pierre de Roquefort. Cette dernière surtout est inexprimable, par tout ce qui s'y combine de subtil et d'enfantin, de candide et de rusé.

Ici, rien de tel. Ceci, me dira-t-on, nous renseigne sur la manière dont nos pères entendaient l'his-

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