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CHRONIQUE DE CAERDAL IO49

XIV

��CHASSE AU TIGRE

��Certes, il n'est pas bon signe que les coquins aient des idées, qu'ils se flattent d'avoir une foi, et qu'ils professent une doctrine de leurs méfaits : bien plus, qu'ils soient capables de tout braver pour elles, jusqu'à donner leur vie. Sauf l'objet, qu'est ce qui les distingue alors des braves gens ? Leur morale est plus forte que celle de leurs juges. Ils savent mieux mourir pour elle ; et même s'ils font semblant, ils ne feignent pas plus que ceux qui les condamment. Un procureur requérant, et un chien d'auteur rente qui caresse la pensée des supplices, ces deux comédiens m'in- spirent un invincible dégoût, soit qu'ils boufFon- nent sans y croire, soit tout de même qu'ils croient à leur bouffonnerie.

Rien ne manque aux tigres, si ce n*est un bon cerveau. De là, qu'ils ont des muscles et des crocs si redoutables. La nature ne leur refuse rien que le calcul. Ils vont par bonds de l'appétit, et non par pensées. Ils ont tout ce qu'il faut pour régner sur la forêt. Mais il leur faut disparaître devant la police de l'homme.

Il n'y a pas de forêt plus peuplée que la Ville ;

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