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��CHRONIQUE DE GAERDAL

XIII

d'un mince auteur

Il est rare qu'on ait de l'esprit cent ans après sa mort. La belle douleur prend moins de rides que le rire, et peut toujours nous tirer des larmes. La tragédie ne vieillit pas si vite que sa sœur.

La raillerie, l'esprit de satire, qui sont presque tout ce qu'on appelle l'esprit, pétillent et ne font pas long feu. L'esprit de moquerie trouve le trait, et la malice le lance. La comédie ne se passe pas de cet esprit railleur, et d'une certaine malignité.

Comme la comédie enfin, l'homme d'esprit dépend des ridicules. Il se vide en même temps qu'il les harcèle ; et s'il lui arrive de vaincre, il s'ensevelit dans sa victoire. D'ailleurs, il y a tant de ridicules dans la vie humaine, et tant de sottise dans les mensonges de la société, que les hommes en changent comme de modes. Et l'esprit qu'on met à s'en moquer se glace avec l'objet de la moquerie.

Les ridicules de la politique sont les plus froids,

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