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1038 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

s'est tu et les trois notes ont résonné depuis longtemps, il lui semble.

Hilaire regarde le musicien : celui-ci est accroupi en tailleur ; le Shamisen est posé en travers de ses genoux et il a retroussé ses manches sur deux longs bras secs et nerveux. Encore une fois il passe ses doigts tout au long des cordes, puis il chante un chant qui débute ainsi :

Qui est-ce

Qui habite ici ?

Je ne sais ;

Cependant mon cœur est plein de gratitude

Et mes larmes ruissellent.

Après chaque couplet il fait sonner son Shamisen en longues notes graves et espacées. Au couplet :

Je voudrais aller dam quelque contrée Où il n'y aurait pas de coucous^ Je suis si mélancolique Quand j entends Leur chant /...

quatre hommes vêtus de toile blanche — quatre fos- soyeurs — entrent. Hilaire les regarde parce que les trois décapités du matin suivent en toilette d'exécution, la natte en chignon au sommet du crâne, la nuque à nu, marquée du poids de la cangue. Ils s'approchent et se ruent sur

Hilaire Mais le petit vieillard voûté, au visage

glabre et masqué d'une dentelle de rides, et dont deux taches de bétel teignent le coin des lèvres, le bourreau,

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