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98 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

OU deux par deux. Ils s'arrêtaient pour regarder l'eau, pour cueillir une fleur. Ponceau donnait des coups de canne sur les champignons vénéneux que personne ne se souciait de ramasser et qu'il faisait mourir de leur belle mort. Cougnjr chantait :

— Allons, enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé.

— En effet, dit Ponceau, je le crois !

Le grand air du matin, le litre de vin blanc l'avaient grisé. Marcelle haussa les épaules, contrariée. Cougny fît mine de l'attraper pour l'embrasser ; elle voulut se dérober, glissa sur l'herbe, manqua de tomber à l'eau. Elle remar- qua que Ponceau ne fit pas un mouvement pour la secourir, mais Juliette s'était précipitée. Cougny la retint, et elle dut se laisser embrasser. Elle poussa un cri, se releva toute pâle.

— Vieille bête ! dit-elle.

Mais Cougny, de bonne humeur, répondit :

— Oh ! pas si vieux que ça, allons I Je suis encore d'attaque.

Juliette s'amusait beaucoup sans en avoir l'air.

Un peu plus loin, ils rencontrèrent un pauvre vieux qui poussait une brouette vide et qui s'effaça pour les laisser passer.

— Alors tu vas travailler par là ? lui demanda Cougny qui ne le connaissait pas et le tutoyait tout de suite.

— Ma foi oui, monsieur. Je vais piocher mes pommes de terre. Il y pousse de la mauvaise herbe que c'en est une malédiction.

— Ces deux femmes-là, tu vois ? ça pousse comme ta mauvaise herbe, et ça fait pousser.

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