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I002 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

puisse l'abri antimondain de ce vieux temple fran- ciscain, plus simple encore que vos cathédrales de France, calmer un esprit inquiet. Ici on peut se recueillir.

Mais quel curieux homme vous faites avec vos contradictions ! Après vous être plaint de trop de volupté, maintenant vous appréhendez l'ascétisme. Je connais non pas votre aversion, mais votre modéré penchant pour le primitivisme en art. En ce qui concerne l'art de Florence, vous ne laissez pas de vous sentir gêné dans le principe, par l'influence primordiale du byzantin. Au fait, vous possédez un sens plastique qui vous interdit d'être ému à fond par quoi que ce soit d'informe et vous trouverez toujours à redire aux plus saintes images de Cimabuë. Oui, fussiez-vous chrétien fervent, devant une Vierge à face plate et qui louche, jamais vous ne consentirez à prier !

Nous ne remonterons pas si loin, non pas à l'enfance de l'art, mais seulement à sa jeunesse. Quand bien même vous ne seriez pas, depuis Pise, quelque peu revenu de vos préventions, je n'exige de vous aucune complaisance mystique pour l'émaciation, la raideur et la maladresse qu'il vous plaît de prêter d'avance à Giotto. Je ne veux pas même vous adjurer d'avoir égard à une beauté spirituelle, qui suppléerait chez lui à la beauté tout court. Au plus profond du sévère vaisseau, où sont peintes la vie du Baptiste, celle de Jean

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