Page:NRF 8.djvu/1002

Cette page n’a pas encore été corrigée

994 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

chose de nouveau. Eh ! je ne lui demande pas de me rendre meilleur ; mais qu'il me dise un peu mieux qu'hier ce que je suis, qu'il me mette plus étroitement en possession de mon âme. Je quête de lui non pas un progrès, mais un renseignement. Je ne cherche pas à façonner avec moi-même un être idéal et qui plaise à Dieu. Simplement savoir le vrai sur mon compte, savoir bien au juste qui est-ce que moi. Je suis en face de moi-même comme de quelqu'un avec qui l'on se trouve en voiture et dont on épie les moindres gestes pour démêler l'âme qui les commandé : on le force pas à pas, avec sourire, avec patience et impatience, avec méchanceté : " Il y a ceci encore que je ne vois pas bien ; mais il faudra bien que tu y viennes ! " Et tout-à-coup, sans le savoir, il se livre ; par quelque petite parole insignifiante, sans le savoir, il quitte son secret devant vous : "C'était donc ça ! " Vous voilà satisfait avec lui. C'est tout ce que vous lui demandiez. — Je suis une chose pour moi, dont il faut que je m'empare par l'esprit. Je suis un objet d'expérience : Vexpérience^ le tâtonnement de la main qui palpe et s'informe, le toucher sagace, l'enquête impitoyable, les doigts durs, noueux et froids du praticien. Je n'ai pas assez pour moi de cet amour que Dieu a pour sa créature. Je manque pour moi-même de charité. Je ne suis pas pour moi cet être baptisé, cette chère âme en épreuve ici-bas et qui d'abord doit

�� �