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LETTRES A FANNY BRAWNE 957

Présentez mes compliments à votre mère, mes tendresses à Marguerite, ^ et mon meilleur sou- venir à votre frère, s'il vous plaît.

��II

��8 Juillet. {Timbré : Newport, lo Juillet 1819)

Ma douce enfant,

Votre lettre m'a causé un ravissement tel que rien au monde ne m'en pouvait donner, excepté vous-même; en vérité, je m'étonne qu'une créature puisse, malgré l'absence, exercer sur mes sens ce voluptueux pouvoir. Même lorsque je ne pense pas à vous, je subis votre influence et une douceur nouvelle s'élève en moi. Toutes mes réflexions, mes plus mauvais jours et mes plus mauvaises nuits n'ont pas guéri ma passion de Beauté, mais l'ont, au contraire, rendue si intense, que je suis très misérable de ne pas vous avoir auprès de moi. Ou plutôt, je végète dans cet état de patience morne qu'on ne peut appeler la vie. Je n'avais jamais soupçonné jusqu'ici ce que pouvait être un amour comme celui que vous m'avez inspiré, je le croyais impossible ; mon imagination le redoutait, crai- gnant de s'y consumer. Mais si vous devez m'ai-

' La plus jeune sœur de Fanny.

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