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vous jettera contre terre, avec votre ordre prétendu et votre immobile superbe. Comme, si un ordre de quatre jours, et qui sent déjà, jam fœtet, pouvait s’égaler au désordre de la vie jaillie de source, et même au chaos qui sent frais les racines, la verdure et les bois.

Je préfère l’injustice au désordre. Mais j’aime encore mieux l’injustice que la mort. Et la question sera toujours de savoir si le pire désordre n’est pas dans l’injustice.

§

Les Confessions sont un des plus grands livres qu’il y ait, dans l’art de tous les temps. Et peut-être, les deux livres les plus étonnants et les plus riches, qui soient jamais sortis de l’homme pour la connaissance de l’homme, sont-ce en effet les Essais de Montaigne et les Confessions.

Dans les Essais, la vie même est intelligence.

Dans les Confessions, la pensée même est sentiment.

Les Essais sont presque en tout d’un ancien dans le monde moderne. Les Confessions sont d’un homme moderne, et chrétien jusque dans l’utopie et le rêve social à la mode antique.

Mais, ici et là, deux hommes se dépouillent et mettent toute leur puissance à nous montrer, dans son nu et son écorché, ce que c’est qu’un esprit, ce que c’est que le cœur d’un homme.