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imprudent, ou bien injuste, pour les séparer de la France.

Nous avons des censeurs bien difficiles. La vertu de Rousseau les irrite ; et ils maudissent le mensonge de sa vie, parce qu’ils ont la haine de sa politique. Mais la politique de Rousseau n’est qu’un roman : comme toute politique écrite. Sur le papier, les constitutions sont des romans. Bons ou mauvais, selon que l’auteur a ou n’a pas du talent. Romans, où quel que soit l’auteur, il semble toujours que Pécuchet collabore. M. de Maistre n’y échappe pas. Et, quant à Auguste Comte, ils sont trois : Bouvard en est aussi. Ils s’y sont mis ensemble l’onzième année que ces Sisyphes de la raison avaient recommencé de copier, copier, copier.

De la Chine à l’Islande, et d’Athènes à Paris, l’esprit s’est toujours plu au roman politique. Le ridicule est souverain d’imputer à Socrate la ruine d’Athènes, et à Rousseau la Révolution. Au temps que Socrate prêchait, Aristophane le déchirait sur la scène devant tous les Athéniens. Tandis que Rousseau dressait des contrats entre l’homme et la nature, Montesquieu expliquait les lois, Voltaire flattait les coutumes, cent autres disputaient du gouvernement des états, en France et en Angleterre, Fénelon, l’abbé de Saint Pierre, le philosophe inconnu, et Turgot et Quesnay, et l’impertur-