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826 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Il portait avec fierté une large ceinture bleue. Aimant les aventures, il se trouvait à l'étroit dans cette petite ville où le maintenait la volonté de ses parents.

— Pourquoi n'es-tu pas arrivée plus tôt ? continua-t-il. Nous serions sortis ensemble. Tu penses bien que, si tu avais été là, la Marguerite ne serait pas venue !

— Mais, dit Juliette boudeuse, c'est que je n'ai pas pu. Toi, tu pouvais toujours bien attendre un peu.

— Est-ce qu'on sait jamais, avec vous autres ! répondit Paul. Toute la matinée j'ai attendu François. Mais mon- sieur a préféré boire deux absinthes.

Ils formèrent un groupe de neuf personnes assises sur l'herbe. Les hommes fumaient, les femmes se racontaient les nouvelles du pays. Il n'y avait pas, à tout savoir, que M""* Durand. Marguerite, depuis l'arrivée de Juliette, paraissait toute triste. A vingt ans, elle n'était pas laide, avec cette grâce un peu maladive qu'ont certaines jeunes filles blondes. Juliette s'était assise sur son mouchoir près du Paul qui lui chatouillait le creux de la main avec un brin d'herbe ; François pinçait les mollets de Léontine qui gigotait sans pousser un cri. Personne ne s'occupait de Marguerite. Quand ils entendirent sonner six heures à l'horloge de la ville, Gallois et Nolot se levèrent.

— Venez-vous, les enfants ? dirent-ils. Ils n'étaient pas de ceux qui font à leurs fils des sermons sur le danger qu'il peut y avoir à prendre l'habitude du café. Mais ni Paul ni François ne se dérangèrent. Sans doute aimaient- ils mieux rester là. Un quart d'heure après, Marguerite partit. Elle dit :

— Ce n'est pas que je m'ennuie avec vous, mais maman doit m'attendre.

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