Page:NRF 7.djvu/822

Cette page n’a pas encore été corrigée

8î6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sur du pain en faisant bien attention de ne point graisser son corsage.

Quand à son tour François fut prêt, il ne perdit pas son temps à rester à la maison.

— Alors, dit-il, c'est toujours entendu pour ce soir qu'on soupe chez les Nolot ? Parce que je vais peut-être aller faire un tour de ce côté-là. Tu ne viens pas avec moi, Juliette ? Tiens, arrange donc tes cheveux ! Tu as toute une mèche qui remue sur ton cou... Et puis, non. J'aime mieux que tu restes là, grande bécasse ! ajouta-t-il en riant. Je serai rentré pour une heure.

Il partit les deux mains dans les poches, en sifflant éperdument, beaucoup plus fort que le pauvre Louis l'autre jour. Personne ne se dérangea dans le quartier : on y était bien habitué. Les Nolot demeuraient à l'autre extrémité de la ville. Cela ne voulait pas dire qu'il fallût marcher plus d'un quart d'heure pour arriver devant leur porte, mais cela signifiait aussi qu'à moins de faire un tour par le quartier du Vieux-Château il devait traverser la place. C'était la place de l'Hôtel-de-Ville, mais comme il n'y avait qu'elle, on ne craignait pas de se tromper en disant simplement : la place. C'était à la fois plus court et plus magnifique. Quelques jardiniers d'ici, deux ou trois paysannes des environs étaient installés près du trot- toir avec des légumes et des fruits, François se promena devant les paniers, en flânant comme un vrai bourgeois. Il finit par acheter une demi-livre de cerises. Il allait partir quand il sentit qu'on lui frappait sur l'épaule. C'était Cougny qui disait :

— Te voilà donc, la coterie ? Viens boire l'apéritif Pour Cougny, tout individu était coterie. Il n'avait pas

�� �