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d'aDDIS-ABEBA a DJIBOUTI 783

Nous nous y glissons à genoux, puis à plat ventre. Inextricable fouillis ! Il pèse sur nos épaules, nous enveloppe, nous étreint. Par endroit, je me sens enfoncer dans de sournoises coulées d'eau, dissimulées sous le mate- las des joncs couchés. Il faut en hâte se rattraper comme on peut ; un des hommes, pour me haler, me tend son long fusil ; je fais de même ensuite pour le boy abyssin qui me talonne. Odeur de vase, pourriture végétale, et quelle abominable chaleur !... Parfois, les Chankallas s'arrêtent, se soulèvent à demi et écoutent. Sur le marais qui fermente au soleil pèse un silence accablant que rompt seul l'appel saccadé d'un oiseau invisible au dessus de nous. Un air de dépit et de mauvaise humeur assombrit, alors, le visage expressif de mes nègres, cependant que le boy m'informe que c'est là le cri de l'avertisseur qui toujours monte la garde autour du fauve. — " Tu vois bien qu'ils sont là, les lions, ajoute-t-il, ou bien l'oiseau ne crierait pas. Si nous les rencontrons, comment tireras- tu ? Il vaut mieux aller les attendre là-bas, sur la colline, où tu seras plus à l'aise pour viser... " Je poursuis néan- moins. D'ailleurs le boyau peu à peu s'évase, permet que nous nous remettions debout. Mais les chankallas, brus- quement se sont immobilisés ; avec précaution l'un d'eux écarte de la main les feuilles coupantes. Par la brèche, j'aperçois devant moi une obscure retraite ménagée dans la profondeur de la jungle, toute ronde, ample comme une grotte. C'est ici, m'affirme-t-on, que les bêtes se sont endormies à l'aube ; c'est d'ici, sans doute, qu'au bruit de notre approche, elles ont détalé. — Propreté de l'antre. Naïvement, je m'étonne de ne point le trouver souillé de déjections, comme une cage de ménagerie. Du moins,

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