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d'aDDIS-ABEBA a DJIBOUTI 775

massif posé en travers des cornes. Alentour, quelques nègres, jambes nues, le chef coiiFé de vieux canotiers défoncés, crient, gesticulent, font claquer à tour de bras, leur fouet long de dix mètres, fait de trois ou quatre lanières cousues bout à bout.

Devant nous, enfin, sur un plateau torride et nu, nous apercevons le ramas de huttes où sont installés, avec femmes et gosses, la centaine de chankallas auxquels est confié le poste de Tadetcha-Malka, Paillettes ovales, étroites, au toit pointu : entre les perches qui les soutien- nent, des claies de roseau sont tendues et forment muraille. Ce n'est plus la toucoule abyssine, ronde, claire, spacieuse et qui si aisément se fait pour nous confortable. On sent la main du nègre dans ces cases grossières, sans art, qui me font songer aux gravures que l'on voit dans les vieux livres de voyage. A côté des gourbis, des huttes plus petites, montées sur pilotis, sont les greniers où l'on serre le dourrah, les jarres de farine et de talla. — Un hangar recouvert de tôle qui s'élève un peu à l'écart abrite la cantine d'un Turc qui vit là, au seuil du désert, isolé et tranquille, au milieu des noirs. Une zériba d'épines entoure sa maison : des poules y rôdent, deux ou trois chèvres et un grand chien roux au poil hérissé. Assis devant sa porte, le patron nous regarde passer, indifférent et dédaigneux : il sait bien que dans une heure, je serai trop heureux de faire prendre chez lui quelques fiasques de son chianti poisseux, des boîtes d'ananas et un paquet de tabac de Samsoun. — Sur la route qui descend en longeant le plateau, extraordinaires négresses que nous croisons, entièrement nues, sauf un

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