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��L'ÉLÈVE GILLES, par Jndré Lafon (Perrin et 0%

Ce n'est pas l'enfance d'un David Copperfield ni même d'un Poil de Carotte que celle de Jean Gilles. Dans ce récit au jour le jour d'une menue existence d'écolier, nul éclat, nulle saccade, aucun heurt violent. Enfant d'un père assez lyrique et qui passe pour dément, d'une mère bonne et doucement réservée, Jean Gilles appartient à cette catégorie de garçons sages élevés dans de petits collèges de province et qui se préparent avec résigna- tion à entrer dans une vie un peu rude pour eux.

M. André Lafon a mis, au service de ce récit, son talent

délicat de poète, A plus d'une page, on aime à retrouver dans

de petits tableaux d'intérieur d'une nuance discrète, l'auteur de

La Maison Pauvre. Il y a une certaine saveur dans ces cueillettes

d'automne : " Nous eûmes une grande abondance de fruits

dont, à chaque repas, s'orna notre table. Les prunes tombaient

sur le sol du verger, et leur pulpe où je mordais était chaude

dans le jour, et glacée et plus douce, il semblait, au matin. Les

fourmis les mangeaient jusque sur l'arbre ; bientôt les filles de

Gentil les vinrent toutes cueillir en de rondes corbeilles qu'elles

emportèrent à deux, un bras pendant, la démarche alourdie...

Il Y eut aussi des abricots couleur de rose et piqués de feu, et

des pêches que ma tante cueillait avant leur maturité dernière,

pour les ranger sur la desserte de la salle à manger déjà pleine

de leur parfum. " On goûte ces notations adoucies d'un enfant

que tout ravit, que tout effraye et surprend ; les détails observés

du collège mais surtout les séjours de Jean Gilles chez sa tante,

les souvenirs de famille et principalement de cette Odélie, qui

est une cousine morte et lointaine, ont de quoi plaire. On

aimerait toutefois que l'auteur se méfiât un peu plus de ses dons,

modérât, s'il est permis de parler ainsi, sa modération. Cette

histoire d'une étoile à qui Jean Gilles en arrive à conter ses

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