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LA FÊTE ARABE 64 I

reconnaissant leur sœur sous ses voiles l'accablaient d'ignobles injures. Mais la vieille leur ayant glissé quelques mots à l'oreille, ils m'embrassèrent les mains à leur tour. Je les repoussai avec dégoût, plus irrité de ces marques de servilité que d'une colère à laquelle j'aurais su répondre et regrettant déjà l'aventure où je m'étais laissé entraîner. Sait-on jamais les suites que peut avoir, dans un louche milieu indigène, une histoire de cette sorte ?

Je regagnai ma maison, suivi de la petite tremblante dont j'entendais sonner derrière moi les bracelets d'argent. Je l'installai dans une chambre d'ami ; je lui portai de l'eau que j'allai puiser moi-même, des raisins, des dattes fraîches qui restaient de mon dîner ; enfin je lui montrai le lit en lui disant qu'elle était chez elle, et lui souhaitai bonne nuit.

De nouveau elle se mit à mes genoux, recommença de m'embrasser les mains, m'assurant que j'étais son père et qu'elle était mon esclave, — tout cela avec des larmes qui finissaient par m'émouvoir plus que je n'aurais voulu. Cependant je me repris. "Dors, ma fille, lui dis-je, et ne t'inquiète de rien." Et cette fois je me retirai, tandis qu'elle relevait la tête, suspendait un moment ses pleurs et me regardait d'un air stupéfait.

Je passai une nuit détestable. Tantôt je me trouvais ridicule et je m'en voulais de me priver du plaisir d'avoir près de moi à cette heure un petit être charmant, tantôt ce sentiment me semblait honteux, car l'image de la femme presque faite que je n'avais qu'entrevue n'avait pas encore effacé le souvenir de l'espiègle Zohira que j'amusais autrefois sur mes genoux.

Pour calmer mon énervement, j'essayai de fixer mon esprit

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