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LA FÊTE ARABE 635

champs de clarté. Des tentes rayées, blanches et noires, étaient posées dans la plaine ; des femmes revenaient des puits avec des outres sur l'épaule ; des chameaux par longues files s'engageaient dans les crevasses rougeâtres des falaises pour gagner le plateau, où ils allaient chercher une maigre pâture au fond de dépressions connues de toute éternité des chameliers. Ces tentes, ces puits, ces troupeaux, cette ville aérienne bâtie de ciment rose, cette oasis bleue sur des terrains vermeils, c'était une image de vie prodigieusement poétique, ancienne et reposante. Il y a donc encore dans le monde des oasis, des déserts, des tentes, des chameaux, des puits au milieu des sables, des Abraham et des Rebecca ! Combien les siècles, le temps, c'est peu de chose ! Comme on a vite fait de remonter à travers les âges aux plus lointains souvenirs des hommes ! On avait vu cela, tout enfant, dans les images de sa petite Histoire Sainte. Mais la vie, le mouvement, les coulevu^s, comment s'en faire une idée ?...

Dans le jardin d'En Naçeur, on récoltait les dattes. Partout de l'or autour de nous : de l'or entre les aigrettes des palmiers où pendaient les fruits mûrs; de l'or au dessus de nos têtes, au bout des longues cordes qui laissaient glisser jusqu'à terre les régimes coupés comme des lustres étincelants ; de l'or dans les carrés du verger qui dispa- raissaient tout entiers sous les lingots amoncelés, et il fau- drait les mots, que dis-je ? la fantaisie de l'Orient, pour donner une idée de ces richesses imaginaires, de ces fabuleux trésors perdus dans ces jardins au milieu du désert.

— Il y aurait eu longtemps qu'on m'aurait fait dispa- raître, reprit mon compagnon qui retrouva soudain

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