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LE THEATRE 48 I

��La nouvelle pièce de M. Bernstein ' n'excitait pas la curiosité des seuls amateurs de tapage. Il était intéressant de voir si, piqué au vif par la résistance d'une partie du public et forcé de donner sa pleine mesure, l'auteur de la Rafale s'ingénierait à renouveler sa manière, s'il ferait appel à une qualité d'émotion plus diverse et plus délicate. Un succès aussi continu, aussi éclatant que celui qu'a connu M. Bernstein dès sa jeunesse, n'est guère fait pour contraindre un auteur à mettre en question la valeur de procédés qui dix fois répétés lui ont valu dix fois les mêmes ovations. Une mise en demeure d'avoir à se surpasser est, dans de telles conditions, une bonne fortune inespérée.

Deux scènes nous importent dans le premier acte. Voici réunis le grand chef de parti politique Méritai, ses enfants et quelques amis. Impression de prospérité et de force ; on remue de grands projets. Les fils ont conquis des situations déjà considérables ; le père a cette ambition sans impatience qui suppose une bonne conscience et de la droiture. Méritai reste seul avec une jeune amie de la famille. Renée, dont il voudrait faire la femme de son fils Daniel. C'est elle qui lui a demandé cet entretien pour lui expliquer son refus. Il insiste, elle s'obstine et soudain avec une simplicité charmante : " Pourquoi ne voulez-vous pas m'épouser ? " dit-elle. Une telle déclaration bouleverse Méritai. Il se souvient qu'il a 53 ans. Si la tête lui tourne, il a pourtant l'honnêteté de défendre Renée contre ce qui peut n'être qu'un mouvement de reconnaissance et d'ad- miration. Il lui dit son émotion — elle est visible — mais il ajoute qu'il n'éprouve pas d'amour. Alors elle fond en sanglots si éperdus qu'il s'affole. Il fera tout ce qu'elle voudra, pourvu qu'elle sèche ses yeux. Pourquoi dissimulerait-il plus longtemps sa tendresse ? Elle pousse un cri de joie...

Toute cette scène est conduite avec discrétion, avec tact,

' U Aiiaut^ au Gymnase.

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