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LE RAIL 41

Sous le fracas la machine paraissait ne toucher que les rails de la voie I. Les 3® classe intactes, tirées par l'arrière, il fallut une heure pour leur ajouter les deux première classe déraillées debout contre les démolies. La formation prescrite pour les rames de matériel-voyageurs mettait les moins-payants aux plus grands risques : 3* en tête. Le rebroussement de la rame aux terminus alternait à chaque voyage la catégorie des sacrifiées et condamnait à protéger les " Premières " tour à tour l'une ou l'autre des classes tampons, " Secondes " et " Troisièmes ". M. Ipp regret- tait cette malechance de la marche secondes en tête, par quoi les indemnités hausseraient.

La force cadencée de 60 bras tirait à la prolonge la voiture 4* montée sur l'écrasement des trois de tête. Elle gagna le ballast au craquement de ses dix tonnes de fer et de bois et des débris entraînés. Cent hommes, frappant du maillet et de la hache, diminuaient planche à planche le mont de débris où les châssis des voitures aux portières rejointes en paquets de cartes, superposaient leurs essieux d'acier. Les burins achevaient les charnières. On ras- sembla dans des bâches deux cadavres, ramassés à la pelle, fondus, cuits.

Les hommes donnaient leur force entière, furieux à tirer de là toute la chair perdue, pour retrouver le travail de métier, purgé de cette angoisse d'assassinat.

M. Ipp télégraphiait aux six directions : " Expédition trains de marchandises sur le triage interdite jusqu'à nouvel ordre. Prenez dispositions. "

Puis il s'occupa de rechercher les responsabilités.

MM. Blanc et Templemars empêchaient de questions des hommes commandés par M. Drûze à des besognes

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