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��LES POEMES

��J'ai devant moi lU de France, la Tristesse de PHomme, V Aven- ture Etemelle, les trois volumes de ballades qu'a publiés Paul Fort â la librairie Figuière en l'espace de moins d'un an et dont je me réservais de parler un jour à loisir.

Pour paradoxal que cela paraisse, on est tenté chez nous de faire grief à un poète de l'abondance même de sa production. Oui ! si l'on se montre parfois injuste pour les Ballades Fran- çaises, c'est qu' " il y en a trop " et que cela blesse en nous le senti- ment de rareté que nous associons instinctivement à l'idée de poésie. — On compterait en plus grand nombre les admirateurs fervents de Hugo — ceux qui ne se contentent pas de s'incliner devant l'énormité de son œuvre, mais qui lui ouvrent leur cœur en secret et révèrent en lui un artiste aussi pur que Vigny et que Baudelaire — si son génie tenait en un volume, un fort volume, soit ! mais un seul. — Ce volume parfait, on peut le composer, il faudra bien un jour qu'on le compose ; il fera plus pour la gloire du grand poète que l'œuvre entier. — Mais si de l'œuvre il est comme la fleur, cette fleur, nous le savons, ne pouvait gonfler et s'épanouir que sur le tronc rugueux, sur le faisceau des branches emmêlées. Hugo maniait trop de trésors pour s'attarder à choisir parmi eux ; les plus vulgaires étaient la rançon des plus rares : il devait livrer tout pour livrer aussi le meilleur. Voilà le propre du génie, au sens romantique du terme.

Tel apparaît aussi, toutes proportions gardées, le cas de Fort. Peut-être est-il le seul à représenter aujourd'hui l'inspiration sans contrôle. Mais la sienne, plus familière, plus populaire.

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