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LE LOISIR DE CAGLIARI 339

C’est la pose classique de l’odalisque telle que les peintres la peindront sans cesse au XIXe siècle. Le croquis a de la vigueur et un réalisme sobre, sans mot inutile, sans que rien vienne souligner perversement un tableau de nu que la manière du XVIIIe traitera avec une licence contente de soi.

Il faut avouer que Zelmis est ébranlé dans sa fidélité. Comme il allait se laisser tomber sur le beau corps offert, Achmet revient sans crier gare.

Immona, conservant encore quelques restes de présence d’esprit, fit mettre Zelmis avec précipitation dans un de ces matelas qui servent de lit aux Turcs, et qui sont roulés pendant le jour à un coin de la chambre… Je ne vous dirai point, Mesdames, si l’émotion que sentit Immona ajouta quelques nouveaux charmes à sa beauté ; mais il est certain qu’Achmet n’eut jamais plus de tendresse pour elle qu’en ce moment-là… Le doux bruit des baisers dont il accablait Immona venait même jusqu’aux oreilles de Zelmis.

Ici tout de même la manière du XVIIIe se fait prévoir avec agrément. Mais il y a une remarque plus intéressante : la scène analogue fut jouée par d’autres personnages, et non des personnages de roman, mais Louis XIV, Madame de Montespan et Lauzun. L’on connaît l’admirable page de Saint-Simon là-dessus :

Parmi tous ses amours le roi ne découcha jamais d’avec la reine… il se mettait les après-dinées entre deux draps chez ses maîtresses. Puyguilhem (Lauzun) se fit cacher par une femme de chambre sous le lit dans lequel le roi s’allait mettre avec

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