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284 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Les récents écrits de M. Paul Bourget, aussi bien drama- tiques que romanesques, marquent une tendance au sublime des gra.ids sentiments et des grandes situations. Cela est très caractérisé dans son dernier recueil. Je ne veux pas seulement dire que ce goût qu'il a pris du théâtre pût l'induire à gonfler la voix ; à préférer aussi à l'enchaînement égal et logique des événements, les péripéties plus grossières et plus imprévues que motive surtout la nécessité d'un " effet ". Je crois observer en outre que ses aspirations morales et l'exigence de ses thèses philosophiques et sociales l'entraînent, peut-être à son insu, dans un sens où ne le conviait pas naturellement sa recherche scientifique. Celle-ci lui proposait pour but une vérité froide, mais patiente et sincère. Celles-là le poussent, au contraire, vers des formules d'un poncif chaleureux et sommaire, où la voix du sang et l'honneur de la race jouent un rôle subversif. M. Bourget, cependant, ne paraît guère gêné par cet écart qu'il y a entre les méthodes de son analyse et la qualité de son imagination. Il ne songe point à résigner sa première manière en faveur de la seconde. Il ne les concilie même pas. Mais il les emploie tour à tour et simultanément, comme si elles se faisaient suite, comme si elles s'engendraient et se légitimaient réciproquement. Seulement, au moment où il aborde le drame, il lâche la psychologie, il la laisse pour compte et, résolument, saute en plein arbitraire.

��Le nouveau volume de M. Abel Hermant * ne sera pas d'un grand appoint à la série de ces " mémoires pour servir à l'histoire de la société " que l'aimable chroniqueur poursuit avec une si jolie désinvolture. Il est spirituel, léger, superficiel. C'est d'ail- leurs un livre charmant, écrit et composé avec une rare décence, dont l'affectation est à peine sensible, dont l'ironie continue ne

��' Les Renards (Louis Michaud).

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