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DANIEL DE FOE 20I

une joie non dissimulée la proposition. Il fit mettre l'Ecossais et quelques autres matelots en une petite chaloupe ; l'on plaça, dans l'embarcation, un fusil, une livre de poudre, des balles, du tabac, une hache, un couteau, un chaudron, une Bible et quelques autres objets qui appartenaient en propre à Selkirk ; puis, l'on conduisit le tout, l'homme et sa pacotille, vers la baie accueillante en vue de laquelle Stradling avait fait jeter l'ancre. Là, le maître d'équipage descendit, prit son fusil, sa poudre, sa Bible et ses autres objets ; la chaloupe s'éloigna aussitôt avec le plus de rapidité que les matelots — qui en avaient reçu l'ordre de Strad- ling — pouvaient apporter à la manœuvre. Bientôt, le navire les Cinq Ports, qui avait levé l'ancre lui- même, disparut dans le lointain, se fondit rapide- ment, au point de n'être plus visible à l'horizon extrême. C'est alors que Selkirk se trouva réduit aux ressources de son industrie.

En réalité, le récit que le matelot te faisait, Daniel, avec cette loquacité presque sombre que les navigateurs apportent à parler des choses de la mer, tu ne commenças guère à l'entendre qu'à ce moment de son histoire où Selkirk te dit qu'il était abandonné dans l'île. Alors, ce fiit une magnifique chose. L'homme à qui cette aventure prodigieuse était arrivée d'être livré seul à soi- même, au milieu de la nature sauvage, cet homme, de Foë, était là, devant toi, dans une petite taverne.

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