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DANIEL DE FOE l6l

tu pouvais respirer ; c'est quand le vieux boucher James avait rejoint sa boucherie, Barbe ses pommes et John sa pierre à repasser ; c'est quand, contre le mur où pendait déjà ton épée de volon- taire, tu avais jeté ton aune de bonnetier ! Alors, de même que dans le temps où tu composais le Journal de la peste dam Londres^ il arrivait qu'à la lueur de la mauvaise chandelle et tandis que les idées venaient en bourdonnant tinter dans ta tête, il arrivait, de Foë, que tu pensais à l'ironie de cette destinée qui, pendant bien des jours, fai- sait de toi un marchand, maintes fois un militaire, et, le plus souvent, un écrivain.

Ton front battu de fièvre enfoui dans ta main, tu songes devant la flamme fumeuse, à l'étonne- ment des voisins qui ne savent si tu es, comme eux, un artisan, un pamphlétaire ou un soldat du roi. Le jour du banquet offert par les corporations de Londres à Guillaume et à Marie, ne marchais-tu pas, sous les bannières, à côté des drapiers ? Mais, un drapier, c'est un homme comme Swift, bilieux, amer, plein de causticité et d'ironie ! De Foë, tu n'es pas de ces hommes-là. Et jamais rien ne se vit de comparable au bonnetier que tu es, portant tantôt l'épée, tantôt tenant la plume !

Le soir, propice à toutes les méditations que le silence amène avec la nuit, enveloppe à ce moment ta pensée confuse ; mais l'ombre et le silence ne sont jamais aussi complètement qu'on le croit le

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