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l6o LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

maison, votre épée, vos pistolets, votre manteau et votre grand chapeau militaire. Derrière le comptoir, amène, doux, grave, et, malgré tout un peu souriant, Daniel, vous aviez repris l'aune et l'habit du bonnetier ; vous débitiez à nouveau de la toile ; à nouveau vous vendiez de la laine et du coton.

III

Ce n'est pas toute l'année la fête. Il arrive un jour où il n'y a plus de banquet au Guildhall, oili l'immense champ de foire de Smithfield lui-même est déserté des bateleurs, des montreurs de coqs et des taverniers, un jour où il n'y a plus d'arcs, de fleurs et d'étendards. Alors il faut songer à travailler et à vivre. C'est ce que tu fis, de Foë, de tout ton courage.

Abattue par l'excès des veilles et des fatigues, brisée par l'émotion qui avait succédé à ton retour, Suzanne avait dû arrêter son labeur. Ses traits amincis semblaient douloureux maintenant sous le voile de la coiffe, ses yeux brillaient de fièvre ; elle était sans pensée ni force. Et alors, Daniel — beau volontaire des guerres — c'est toi qui dus assumer toute la tâche ; c'est toi qui soignas les enfants, toi qui te multiplias à ton tour dans la maison, toi qui, durant la journée, vendis les bas, les rubans, le fil et les mitaines.

Il n'y avait qu'un moment, à la fin du jour, où

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