Page:NRF 7.djvu/133

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 127

vie, celle qu'il mène depuis quinze ans dans une petite boutique de nouveautés de Fishboume. Il songe à la maladresse des événements, à sa maladresse propre à les déclancher puis à s'en servir. Il aimait une de ses cousines et il a épousé l'autre, de son plein gré et cependant à contre-cœur. Il a rêvé une vie de liberté, de joie gratuite et il débite de la camelote derrière une vitrine mal achalandée, où il doit passer tout le jour sous la coupe de Miriam, sa redoutable femme. En vain se réfugie-t-il dans les livres et quand il peut dans la nature. Sa médiocrité l'écrase d'autant plus que le commerce va de plus en plus mal. Or la misère menaçante, le juste souci de l'avenir de Miriam et cet état de disponibilité déplorable au mal comme au bien, où de par sa nature, se trouve M. PoUy, le conduisent à un acte de désespoir qui le sauve, non de la vie comme il le pouvait espérer, mais de cette vie-là. Il met le feu i la maison, devant s'ouvrir la gorge ensuite... mais oublie ce deuxième point du programme, dans l'affolant et irrésistible souci qui le prend soudain d'éteindre l'incendie qu'il alluma lui-même. Il se dépense contre le fléau, fait cent prodiges, sauve au péril de sa vie, une vieille sourde par le chemin des toits ; c'est un héros... Pourtant, sitôt que l'assurance a réglé les d^ts, il abandonne la somme à Miriam et disparaît dans l'aventure. Comment se reforme son existence suivant un mode non moins médiocre, mais d'une qualité de médiocrité difterente, plus poétique, plus champêtre, auprès de la patronne de l'auberge de PotweU, " près d'un bac ", non sans une lutte épique avec '* Oncle Jim " un forçat qui terrorise la pauvre dame; comment M. Polly devient actif,empressé, mieux vivant, une fois délivré de Fishboume, où on le croit décidément mort, c'est ce que nous apprenons dans la dernière partie du roman qui n'est pas la moins pittoresque. Et certes malgré la liberté des développements, des digressions, des peintures, ce n'est pas encore là le roman " divers et total " pour lequel Wells, dans un récent article, réclamait toutes franchises ; sa visée n'a pas

�� �