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126 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

grandes actions, de grandes visées, de grands hommes et il modèle son style là-dessus. On peut se lasser de ce style, on ne peut pas ne pas en être ému, et dût-on peu à peu se déprendre de l'historien, il suffirait que la figure d'Olivier Cromwell demeurât : Jeanne d'Arc à rebours, guerrier-apôtre de l'histoire d'Angleterre, telle que la retracent ses écrits.

H. G.

��L'HISTOIRE DE M. POLLY, par H. G. Wells, trad. H. D. Davray et Kosakiezvicz. (Mercure de France.)

Un roman d'aventures et en même temps de caractère. Mais n'est-ce pas le double trait par lequel les ouvrages des roman- ciers anglais se distinguent de tous les autres, dès leur plus lointaine origine ? Sous prétexte de réalisme et de logique humaine, les écrivains français ont exilé du roman l'imprévu, l'imprévu qui est presque toute la vie, et qui est tout au moins la saveur de la vie et la raison même de notre élan dans la vie. Un de Foë, un Fielding, un Dickens, un Stevenson ont la passion de l'aventure : ils y baignent leurs personnages, comme dans un réactif vivement coloré, dont la réaction sur eux va déceler précisément les caractères. Des valeurs hiérarchisées de Dickens, aux valeurs individualistes de Wells, dans un livre comme l'Histoire de M. Polly par exemple, il y a loin. Mais le procédé d'analyse, de réaction, reste le même ; le même aussi, le procédé d'humour. C'est là tout le secret de la faveur du roman anglais, non seulement en Angleterre, mais partout où le lecteur exige du roman distraction ; c'est là tout le secret aussi de sa valeur : il n'aura pas disjoint la fantaisie du monde et de la vie, de l'étude des caractères.

M. Polly, dont H. G. Wells nous raconte les aventures, "juché sur une barrière, entre deux herbages secs et pelés," peste contre la vie et en particulier contre la médiocrité de sa

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