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JULIETTE LA JOLIE IO27

ne pouvaient pas sortir, comme l'Alice Lemoine, celles à qui les garçons — on ne peut savoir pourquoi — ne faisaient pas attention, comme la Marguerite Garnier, se morfondaient dans leur solitude. C'étaient les petites bourgeoises en mal d'aventures, qui ouvraient timidement leur fenêtre sur le pays du rêve. On savait encore que si M™^ Millay, restée stérile pendant à peu près vingt années de mariage, venait d'avoir un bébé, ce n'était pas la faute, assurément, de M. Millay. On allait jusqu'à dire que M. Perruchot, le pharmacien, retrouvait M"^ Clément soit chez elle, soit au bois du Four !

Beaucoup de douces et belles âmes déploraient que les parents ne prissent pas plus souci de la conduite de leurs fils, de leurs filles. On répétait, à propos du fils Guimard, à peu près ce que M'^^Frébault avait dit à Juliette :

— Si j'étais sa mère, c'est moi qui irais le faire sortir de sa bauge, et il faudrait qu'il file doux devant moi, je vous en réponds ! Ou bien je mettrais la gendarmerie à ses trousses.

Monsieur le curé, du creux de la chaire, avait beau s'élever contre les danses en plein air, les bals dans les cabarets qui sont, pour la jeunesse, des occasions de per- dition : la jeunesse n'en allait pas moins danser, dans le bois de la Cascade, le premier dimanche de mai, et le reste du temps chez Bourelet. Il ne faut pas, dans la vie, aller plus vite que les violons, mais il faut les écouter et les suivre de près.

XI

On était donc en juin, le mois des beaux soirs, des

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