Page:NRF 7.djvu/1003

Cette page n’a pas encore été corrigée

JULIETTE LA JOLIE 997

et qui s'inquiètent toujours du lendemain, le Quatorze Juillet est un jour de travail comme les autres.

M™* Frébault et la mère Catherine étaient assises dans la charrette. Frébault marchait à côté de l'âne. Le Louis suivait tête baissée comme un animal que l'on mène à la foire ou chez le boucher. C'étaient ses jours de fête à lui !

Ils n'étaient pas à mi-chemin quand ils rencontrèrent, en charrette à âne aussi, la Chipée et son homme. Les deux équipages, lorsqu'ils furent à hauteur l'un de l'autre, s'arrêtèrent ; l'âne de la Chipée était plus vieux même que celui des Frébault.

— Tiens, dit M™* Frébault, vous ne vous gênez plus ! Vous allez vous promener, vous, pendant que nous allons travailler !

— Ce n'est pas tout-à-fait ça, répondit la Chipée. Nous allons au-devant de notre Lucienne.

— C'est donc aujourd'hui qu'elle arrive ?

— Mais ma foi oui ! Vous ne vous rappelez pas que je vous l'ai dit mercredi dernier ? Vous la verrez cette après-midi. Hue !

L'âne de la Chipée s'ébranla.

Ils ne pouvaient, sans passer devant la maison de la Chipée, entrer dans leur champ. Il était entouré d'une haie qui le séparait d'autres champs, à perte de vue, au milieu desquels le village de Richâteau groupait une tren- taine de chaumières. La maison de la Chipée ne faisait partie ni du village, ni même d'un hameau. Elle était isolée au fond d'un chemin de traverse. Bien que Chipé existât réellement, on disait " la maison de la Chipée ", car c'était elle qui faisait tout marcher à la baguette.

�� �