Page:NRF 7.djvu/1002

Cette page n’a pas encore été corrigée

99^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Quand il eut recouvré ses esprits, le Louis se leva. Il eût aimé avoir une chambre pour lui tout seul avec un rayon pour des livres, et une table — sans verres ni bols, — pour écrire ce qui lui passait par la tête et qui aurait ressemblé peut-être à des vers. Mais, dans cette grande pièce enfumée où la mère Catherine n'arrêtait pas de promener son bâton, il ne se sentait pas chez lui. Leurs rideaux tirés, son père et sa mère devaient encore dormir. Il se plongea la tête dans la cuvette. Qu'allait être la journée ? Verrait-il Juliette ? Il ne lui en voulait pas. Il ne l'en aimait que davantage. Il allait se donner un coup de peigne quand apparut, sortant de derrière les rideaux, sa mère en jupon et caraco.

— Inutile de faire tant de toilette ! dit-elle. Tu vas venir avec nous à Richâteau.

C'était sans doute la suite de la punition. Il ne s'atten- dait pas à ce coup. Seulement il ne protesta point et résolut de se murer dans le silence. C'était des trois-cent- soixante-cinq jours de l'année le seul où l'étude ne fût point ouverte. Tout le reste du temps il travaillait, même les dimanches, sauf pendant l'heure de la grand'messe. Il savait qu'aujourd'hui son père et sa mère iraient à leur champ de Richâteau pour en ramener le blé qu'ils avaient fini de couper la semaine dernière. Il s'était dit:

— Je serai tout seul, libre, du matin jusqu'au soir.

Frébault fut vite prêt. Il n'avait qu'à mettre son pan- talon, son gilet de travail et ses sabots. Il se débarbouillait une fois par semaine, le dimanche matin. On partit. C'était jour de fête pour la ville tout entière. Mais pour ceux qui ne veulent pas entendre parler de la République

�� �