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l’objet vers quoi s’efforcent le philosophe et le poète. M. Poincaré sait que le poète a besoin de qualités d’exactitude et de véracité : " Les poètes savent aussi observer ; ceux qui sont dignes de ce nom, ne appliquent pas leurs épithètes au hasard, ils les écrivent après avoir regardé... " Mais d’autre part, cet esprit de finesse et d’invention que développe la culture classique, le mathématicien lui-même en a besoin : " Il faut qu^il démontre, il faut que ses démonstrations reposent sur des bases inébranlables et constituent des monuments solides ; pour cela l'esprit géométrique lui suffit. Mais avant de démontrer il a fallu inventer. On n’invente pas par distinction pure ; si toute la conclusion était déjà dans les prémisses connues, ce ne serait plus de l'invention, de la création, ce ne serait que de la mise en œuvre, de la transformation... "

Dans les conclusions, où tout le plaidoyer se résout et se condense en quelques propositions très claires et très fermes, détachons cette phrase, que les savants ne seraient point seuls à méditer avec profit :

"... Le savant ne doit pas s'attarder a réaliser des fins pratiques : il les obtiendra sans doute, mais il faut qu'il les obtienne par surcroît. Il ne doit jamais oublier que l'objet spécial qu'il étudie n'est qu'une partie d’un grand tout qui le déborde infiniment, et c’est l'amour et la curiosité de ce grand tout qui doit être l’unique ressort de son activité. La science a eu de merveilleuses applications ; mais la science qui n’aurait en vue que les applications ne serait plus la science, elle ne serait plus que la cuisine. Il n’y a pas d’autre science que la science désintéressée. "

Pierre de Lanux.

VARIATIONS DU CŒUR PENSIF, par Cécile Périn (E. Sansot).

Mme Cécile Périn avait, dans son précédent recueil : les Pas légers, donné, à la façon des muses romantiques, des Enfantines qui n’étaient pas seulement délicates par la forme mais infini-