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LORD CHESTERFIELD 553

quand ils jouent au quinze. Chacun a une petite table à côté de lui pour placer son thé, et une jatte de bois à brodure d'or où il met ses rouleaux. Ce sont des juifs qui fournissent, à des prix usuraires, les voies et le^jnoyens de cette guerre ruineuse. Fox en avait souvent une troupe qui attendait son lever dans une pièce qu'il appelait sa chambre de Jérusalem." Ces émotions lui rappelaient celles qu'on peut avoir dans le jeu de la politique et lui remémoraient sa jeunesse. Mais le sort qui s'acharnait à lui retirer tous ces plaisirs, qui l'avait poussé du premier rang où il aspirait aux emplois incertains et des aflPaires à la retraite, le frappa d'une dernière disgrâce en le rendant sourd. Lui qui aimait la ville et la conversation fut réduit à rechercher la solitude de son château de Blackheath. " Je ne vis plus ", écrit-il, " que d'une vie de fantôme ; spectre du jour, j'erre dans mon parc à la clarté du soleil, comme les autres spectres, vous savez, s'y promènent la nuit ". Il se réfugia dans la lecture ; bientôt sa vue baissa. Il fut obligé de compter sans cesse avec " sa carcasse délabrée." Il allait à Bath faire sa cure, mais elle empê- chait seulement le mal d'empirer trop vite. " Il s'en faut que je me trouve bien ; je suis encore très faible et abattu; mais le docteur m'assure que je recouvrerai mes forces et ma vivacité ; si cela est lucro apponam^ j'en ferai le meilleur usage. Si le contraire arrive, je ne rendrai pas le cas encore pire en m'affligeant. J'ai vécu assez longtemps et fait assez pour estimer la plupart des choses sur leur valeur intrin- sèque et non imaginaire. A l'âge de soixante-dix ans, je ne trouve rien à désirer ni craindre..." ... " ... Je suis ce que j'étais quand vous m'avez laissé, c'est à dire un être nul. La vieillesse m'atteint insensiblement. Je ne gagne

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