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LORD CHESTERFIELD 539

temps pour tout. " L'ambition de chaque homme n'est guère que la réalisation des rêves de son enfance. Philippe Stanhope, lorsque l'âge lui permit de prétendre à tout, subit ce désir un peu féminin de plaire qu'ont les enfants élevés par des femmes, et ce préjugé que la vie est une enfilade de beaux salons comme ceux de Savile-House où tout réussit par des sourires.

Sa nourrice, qui était Normande, lui apprit le français dès le berceau ; un précepteur lui enseigna les rudiments et, à dix-huit ans, il alla à Cambridge à Trinity-Hall, dont il fut ravi. " Le collège ", écrivait-il, " est, à mon avis, le meilleur de l'Université. On y est peu nombreux et entre légistes qui ont vécu dans le monde et qui ont des manières. Quoi qu'on dise, on fait dans l'université fort peu de débauche, surtout entre gens de bonne com- pagnie. Il faudrait être un débardeur pour la supporter. " Il avouait plus tard à son fils qu'il avait fait, par entraîne- ment, comme tout le monde à Cambridge, qu'on s'y laissait aller à fumer, à jurer et à boire. En réalité il y étudia sérieusement et faillit en sortir un peu pédant. " Voici le moment ", en écrivait-il, " où j'ai fort à faire. L'étude du droit me prend une heure par jour et j'en donne autant à la philosophie. La semaine prochaine, l'aveugle (Th. Sanderson) commencera son cours sur les mathématiques. Croiriez-vous que le grec me soit devenu aisé au point de lire Xénophon et Lucien dans le texte ? Je ne me suis point soucié d'apprendre les règles d'abord. Le gentleman qui me donne des leçons et qui est une grammaire vivante me les explique au; besoin de la rencontre. Je réserve du temps pour jouer au tennis car je souhaite d'avoir le " corpus sanum " en même temps

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