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526 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

un plaisir horrible, retrouver cette grande qui me tortu- rait et me mettre à la discrétion de ses caprices. Elle me fît embrasser les colonnes de fonte du préau....

Des mois passèrent, avec la routine des semaines et des dimanches. Et un soir de rentrée où nous n'étions encore qu'un petit nombre de pensionnaires arrivées en avance, bien entre nous dans une salle d'étude, quelqu'une parla de Rosa Kessler. Aussitôt je feignis d'être distraite, et j'étais bien trop émue pour rien entendre.

Déjà on parlait d'autre chose, lorsque ma voisine de classe, cette nabote à figure de vieille, s'approcha de moi et me dit à voix basse :

— Elle a été regrettée ici, la Prussienne. Au moins par une personne.

Je trouvai la force de demander :

— Par qui ?

Mais le coup était déjà porté.

— Par toi, Lourdin, ma fille.

Je ne dis rien. J'aurais pu la tuer. Elle reprit :

— Oh ! ne te trouve pas mal pour ça, va !... Tu ne sais pas : il paraît que c'est à cause d'elle que Mademoi- selle Spiess a été renvoyée. Oui, on dit qu'elles s'enfer- maient ensemble dans la salle de discipline et que là Made- moiselle Spiess lui montrait des images, enfin ma chère, des horreurs. Et on dit aussi qu'elles fumaient comme des hommes, toutes deux. Presque toutes les grandes étaient au courant ; une aura cafardé, et c'est pour ça qu'elle aussi a été flanquée à la porte, ta chérie.... "

Je n'ai jamais plus entendu parler de Rôschen. Un jour, l'année où j'ai eu cet engagement au Grand-Théâtre

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