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504 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

espoir d'un théâtre dit populaire et toutes les tentatives de cet ordre.

Mais encore faut-il s'entendre sur la significa- tion du mot. Qui dit théâtre populaire ne dit pas théâtre du peuple. Le théâtre du peuple n'a jamais cessé d'exister ; farce, vaudeville, mélo- drame, il possède son répertoire : hier, le drame de cape et d'épée ; la pièce policière aujourd'hui. Son tort est d'exclure l'élite. Un art — fût-ce un art d'émotion collective — duquel l'élite se dé- tourne, manque à sa dignité, s'abaisse. Le théâtre populaire idéal est pour tous.

J'ai cité le théâtre grec. Mais, je dois le dire en passant, ce n'est pas que j'en approuve la résur- rection factice dans le décor de ruines d'un cirque romain. Jeu de lettrés qui vont au peuple, mais sans communication interne avec le peuple, tel que les temps modernes l'ont fait. Au reste, l'étude de ces reconstitutions archaïques ne rentre pas dans mon dessein. Je ne présente pas le théâtre des Grecs comme un modèle mais comme un exemple.

Or, grâce à quoi le théâtre des Grecs aura-t-il été, au sens plein du mot, populaire ? Ne nous le dissimulons pas, grâce surtout au soutien de la religion. Né des mystères de Dionysos, le dieu l'anime. — Hélas ! notre époque moderne manque singulièrement sinon de foi, du moins d'unité dans la foi, de communion réciproque 1 et là gît

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