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484 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

porte en soi. Et c'est précisément pour cela que ces Notes prennent aujourd'hui une sorte d'austère nouveauté. On y respire une atmosphère un peu claustrale qui détend, rafraî- chit, et qui invite au plus salutaire retour sur soi-même.

J.S.

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��UN CAHIER INEDIT DU JOURNAL D'EUGÉNIE DE GUÉRIN (Mercure).

" Ce fameux Journal qui a passionné le monde entier, n'est malheureusement pas complet, dit le comte de CoUeville en une copieuse et excellente préface ; plusieurs cahiers ont disparu ; celui que j'apporte aujourd'hui au public a été déposé entre les mains de la baronne de Maistre par Eugénie avec prière instante de ne jamais s'en dessaisir. " Ces pages datent d'une époque où Maurice a cessé d'être sincère envers Eugé- nie. Il lui dissimule sa passion pour Mme de Maistre. Alors qu'il se marie par nécessité, il s'efforce de la persuader qu'il fait un mariage d'amour et il lui tait les chagrins de son inté- rieur. " Tout n'est plus que mensonge dans ces derniers temps de la vie de Maurice, pieux mensonges sans doute, comme on ment à une mère aimée, pour ne pas l'attrister, la désoler. Mais n'a-t-on pas alors le droit de se demander si la mort chrétienne de Maurice ne fut pas, elle aussi, une suprême supercherie ? Hélas ! on sent bien que c'était là la pensée intime de d'Aurevilly. Et il y a bien des pages douloureuses d'Eugénie où l'on comprend qu'elle aussi a des doutes sur ce point... En ce cahier qui est si secret, si profondément intime que Mme de Maistre ne voulut jamais le révéler ni à Trébutien ni à d'Aurevilly, nous touchons au_ tréfonds même de l'âme d'Eugénie. "

Tout en n'osant affirmer, comme M. de CoUeville que le Journal soit " le plus beau et le plus excellent des livres modernes ", tout en s' étonnant même de l'importance que beaucoup de critiques accordent à ces cahiers intimes et de l'intérêt qu'ils y trouvent, on ne peut nier qu'il n'y ait, dans

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