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d'une section d infanterie 451

flotter. L'officier renonça à se retourner, et, le visage brique, incapable d'activer l'allure de cette procession débandée, il progressait en tête, d'un pas rigide qui faisait dire aux ménagères et aux fils de bonne famille :

— " Voilà un grand lieutenant qui n'a pas l'air com- mode !

Mais les hommes avaient vite fait de comprendre et se gardaient de parler.

Le porche de la caserne engloutit enfin le tout. Une clameur accueillit les réservistes ; elle jaillit de chaque fenêtre comme un rectangle de rumeur. Ils répondirent d'en bas avec moins d'ensemble. Quelques-uns, courba- turés et pleins d'appréhension, s'asseyaient sur leurs valises. Mais les bâtiments bâillèrent, leurs bouches vinrent s'ouvrir au niveau du sol, le flot humain s'y absorba. La cour se retrouva brusquement vide et silencieuse comme un plancher de plomb.

Ce qui se passa à l'intérieur des bâtiments est encore mal éclairci. Les hommes entrèrent. Une sorte de grand damier sombre et poisseux s'abattit sur leurs épaules, et ils furent pris.

Le seuil de l'obscurité fit hésiter les premiers. Mais le flot qui suivait les poussa ; ils y plongèrent, leur instinct tendu en avant, et leur instinct ne s'y trompa point.

Ils les mena droit au corridor qui s'étirait sur toute la longueur des bâtiments. Ils aperçurent, d'une extrémité à l'autre, la ligne ténue des portes ouvertes sur le grand air, comme le jour de libération et de miséricorde après des semaines de vie encavée. Ils sentirent autour d'eux

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