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372 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sivement intellectuelles, et le charme est rompu. Je pourrais en donner pour preuve, non seulement l'Ordination, mais encore les deux " Cahiers de la Quinzaine " qui l'ont précédée, Mon premier testament, confession intellectuelle à la manière du Discours de la Méthode, et Dialogue d'Eleuthère, propos platoniciens sur les femmes, l'amour, le Bergsonisme. Cela est incomparable de lucidité, d'invention dialectique, d'ingéniosité critique et d'érudition. Et cela cependant laisse insatisfait et troublé. C'est qu'ici l'intelligence est insuffisante. Il y faudrait l'intuition.

C. Vettard.

��PUYCERRAMPION, par Andrée et Jean Viollis,

M. Jean Viollis qui débuta dans les lettres par quelques vers charmants et une manière de petit chef-d'œuvre, l'Emoi, ne semble pas avoir encore tenu toute l'exquise promesse de sa jeunesse. S'est-il effrayé des limites qu'une réussite première posait à son développement à venir ? S'est-il méfié d'une perfection trop précoce ? Toujours est-il que l'élargissement de son dessein lui a fait sinon perdre, du moins un peu banaliser quelques-unes de ses qualités et précisément les plus délicates — mais au profit de quelques autres plus rudes et plus vivantes qui ne se sont jamais encore épanouies avec autant de décision que dans Puycerrampion, son récent livre. On se souvient avec quelle ingénieuse simplicité il nous conta l'histoire de M. le Principal en un récit volontairement terne et pourtant riche de douceur. Il s'essayait à grouper autour d'un héros central un plus grand nombre de figures, à faire vivre un ensemble autour d'un individu. Il y réussissait, mais avec moins d'accent que de finesse. Jugez de notre étonnement en présence de Puycerrampion, où son talent, aidé d'une collabo- ration féminine, se révèle à nous non pas plus subtil encore et plus tendre, mais plus âpre dans le dessin, plus éclatant dans la couleur. Certes, nous voici loin de la courbe logique suivant laquelle se développait l'aventure tragi-comique de M. le Principal : il ne s'agit pas ici d'un roman de déduction rigou-

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