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NOTES 121

Ce n'est plus, cependant, Psychodore, philosophe cynique, qui nous prendra la main pour nous conduire parmi les Rêves des hommes, — magnifiques ou monstrueux, — personnifiés en ces êtres étranges que sont les Enracinés, les Sans-Yeux, les Rétrogrades, les Pitaniates Identiques, les Dicéphales. Avec P)i:hagore, nous voyagerons en pleines réalités de jadis, de Samos à Corinthe, à Athènes, à Babylone, pour écouter les paroles qui tombent des lèvres des hommes. A Corinthe, ville des plaisirs grossiers, nous nous éloignerons avec lui dans la campagne, car le grain de blé ne fait nul bruit au sein de la terre. Je porte en moi un germe qui, dans le silence, s'efforcepour monter et pour croître... Sois longtemps silencieux. Le jeune homme est un vase et sa parole le couvercle sonore dont il se ferme. Mais son silence est l'ouverture par où pénètre ce qui nourrira le germe de son âme... Ne va pas au pays des combats et dans le monde des vaines conquêtes extérieures, mais descends en toi-même jusqu'au royaume de la paix. Et c'est ainsi que, silencieux et ne parlant que pour interroger, Pythagore, dans les mystères de Samothrace et d'Athènes, dans le poème orphique, dans les livres d'Egypte et de Chaldée, avec Zarathoustra qu'il rencontre et Ezékhiel qu'il voit à Babylone, reprendra chaque jour l'examen de ses acquisitions anciennes ou récentes. Il s'efforcera de distinguer entre les paroles pleines et les paroles vides. Son silence lui paraissait semblable au van mystique. Beaucoup de paroles s'envolaient loin de lui, vides et légères. Mais celles qui étaient pleines et lourdes de nour- riture restaient encloses au van de son silence. Jusqu'au jour où, ayant reçu ce que les autres pouvaient lui donner, il sent qu'il doit surgir à une vie qui soit sa vie. Le Fils du Silence est n/, et le Fils du Silence est un Verbe. Et c'est après avoir tracé de nombreuses lignes sur le sable du désert qu'il découvre son Dieu, le Dieu Géomètre qu'il fallait chercher won avec des mots, mais peut-être avec des nombres et des lignes. Mais ce nom encore n'est pas assez beau, assez définitif. Et, son Dieu, il l'appellera UN.

— Un, â Monade ancienne et toujours neuve, seule Eternité, seule Immensité j toi qui supprimes la dispersion et la mort ; toi

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