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892 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

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��M. Suarès achève dans la Grande Revue son Grand Dos- toïewski. Dans le n" du 25 avril, extrayons d'un article inégal sur Pétrone ces lignes spécieuses et justes :

" L'élégance et le doute purifient les turpitudes de l'action. Il n'y a de vice qu'autant qu'on y croit. Pétrone serait donc invulnérable, s'il ne croyait au style. Lui qui se prête à tout, et ne se donne à rien, il s'est donné pourtant au beau style, dans la vie comme dans les livres. Que ce soit la ligne pure, la simplicité parfaite, ou la couleur la plus rare, la beauté du style se fait sentir à l'ivresse royale qu'elle cause, où l'homme jouit pleinement du monde et de soi. Cette beauté dégoûte de toute laideur celui qui l'a connue. Les capucins du Portique n'ont pas prévu une telle vertu, qui se passe même de disciples. "

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��Au dernier numéro de l'Occident M. Mithouard, dans un article d'un grand sens, parle de la Revanche de Boileau. Citons:

" Mais s'agit-il (la question a été posée) de décider s'il est souhaitable que l'influenee de Boileau s'étende sur la poésie contemporaine ? Voire, ce serait pécher contre nature, ce serait méconnaître la splendide impénétrabilité de ces beaux intervalles qui séparent les hommes des âges différents. Ils connaissent dans quelque mesure ceux qui les ont précédés. Ils n'ont pas d'yeux pour apercevoir ceux qui les suivront et ils ne les jugent. Boileau ne nous regarde pas. C'est la mysté- rieuse grandeur des jours. Il offrent des tableaux successifs qu'on ne contemple jamais que du côté du lendemain..."

Et plus loin, à propos du lyrisme contemporain :

" Je pense depuis longtemps que les défauts les plus moder- nes de notre poésie sont d'avoir tout sacrifié à l'effet musical ou coloré des mots, d'avoir haussé le ton pour dire des choses très simples... — surtout d'avoir oublié que les mots, les si

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