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874 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

celle du lieutenant Coghells, et il nous a quittés pour plusieurs jours.

J'essayai de la faire rougir encore ; cela lui allait si bien ! Mais elle s'y refusa.

Mon maître la reçut gravement et pompeusement.

Elle lui dit :

— Monsieur, vous ne pouvez pas, je le sais, trouver ma visite agréable : j'ai été cause que vous avez perdu un ami. Je n'appris sa détermination que plusieurs jours après son départ. Si je l'avais sue plus tôt, je l'aurais ramené.

— Vous, Madame ! dit mon maître. Et, dites-moi, qu'auriez-vous fait ensuite ?

— Ce qu'il aurait voulu, répondit-elle.

Mon maître se renversa dans son fauteuil et la dévi- sagea :

— Madame ! s'écria-t-il avec colère ; M. Talboys est un honnête homme. Il n'aurait rien attendu de vous.

— Je suis certaine, répondit-elle, qu'il m'aurait or- donné de retourner chez l'oncle Rapi. J'ai beaucoup songé à sa lettre ; et j'ai découvert ce qu'elle signifie. C'est là, là seulement que Serena Bruchi pourrait rester la conseillère et l'amie inséparable de Serena Gaddi !

Nous la pensâmes folle ; mais les yeux des fous sont fixes, et secs.

Elle tira plusieurs napoléons de son riticule, où elle les avait jetés, et demanda à mon maître s'il était bien vrai que ces quelques pièces, avec un peu de monnaie d'argent, valussent cent trente et une couronnes ? Mon maître les compta, et l'assura qu'ils faisaient bien cette somme. Elle dit :

— Je suis sûre qu'Odoardo n*a jamais rien dû à papa ;

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