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862 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

votre anniversaire, et cela me fait de la peine. Cela dut vous paraître si dur. Il me semble l'avoir été volontaire- ment, tant votre généreux silence à ce sujet m'afflige. Je me souviens des quelques mots que je vous disais à cette occasion. Je crois que ce n'était que ceci :

Ma bien-aimée Serena, je vous envoie une petite croix de calcédoine (elle était pareille à celle que vous recevrez en même temps que cette lettre ^,) et lorsqu'on tourne l'anneau qui est à la partie supérieure, le globe s'ouvre ; mais le parfum s'exhale sans cela.

Comme toutes les fleurs se fanent à présent partout, l'odeur des roses vous rappellera l'été, et l'été l'église del Carminé. Supposez donc que l'âme de la plus douce, de celle que vous auriez choisie si vous l'aviez rencontrée, et qui vous eût choisie si son intelligence était égale à sa douceur, vous murmure ces paroles : " Jadis l'orgueil de la Perse, Aujourd'hui l'envie de l'Italie, Le sein sur lequel je respire saura Que je ne laisse ni épine ni tache après moi. La forme, la couleur, la vie, disparaissent. Mais mon âme demeure ici concentrée." Je ne suis pas tout à fait heureux. Et cependant votre lettre aurait dû remplir mon cœur de satisfaction et de joie. Puisse la Madone n'envoyer jamais de larmes dans vos yeux, ma Serena; et moins que jamais quand...; non, non pas moins que jamais ; mais pas même les larmes dont vous parlez. Certes, vous pouvez vous dire la " ten- dre Sposa" de votre

Sposo Odoardo, à jamais aimant.

  • Il ne semble pas que lettre et croix soient jamais parvenues i

destination. (Note de l'auteur.)

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