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858 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

avez donné quelques-unes vous-même, démontrant qu'il n'est pas possible que j'aie moins de quatorze ans. Quand vous avez eu quatorze ans, mon Odoardo, n'avez-vous pas été très fier et très heureux ? toutefois, si l'on ne vous retenait pas chez votre oncle.

Serena.

Serena à M. Talboys Odoardo

Je me sens toute honteuse de vous écrire ceci ; et j'ai laissé sécher plusieurs fois ma plume, ce qui vous explique le gros double plein que j'ai mis à la lettre J. Mais je dois toujours faire ce que maman me dit. Elle m'a déjà ordonné, deux fois, de vous demander une chaîne d'or à porter autour du cou. Et maintenant, Odoardo, voilà mon devoir accompli. Mais, je vous en supplie, ne faites pas de dépense ! surtout pour une chaîne d'or, ou pour n'importe quelle chaîne destinée à moi. Je n'aime que les plus étroits rubans noirs, juste assez larges pour cacher cette belle boucle de cheveux sombres que j'y ai cousue. Odoardo, elle me chatouille tant, que souvent elle me réveille au milieu de la nuit ; car depuis quelques jours je porte le ruban au lit ; en effet, cela prévient les refroidis- sements et les rhumes, et à la campagne, dit-on, on en attrape facilement.

Mais, encore une fois, je vous supplie de ne pas acheter ce vezzo. Votre main fraîche et blanche est si douce sur mon cou ! Et une chaîne la gênerait tant ! En outre, je pense que vous pourriez acheter, pour le même prix, ou même pour moins d'argent, un lapin ; et nous jouerions

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