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800 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

quarantième place dans la section de l'Institut qui continue l'Académie française selon les vues du règne.

Chateaubriand est contraint à l'obéissance. Il obéira. Mais le moment arrive toujours où le plus obéissant devient un abruti ou un révolté. Chateau- briand qui fut la sincérité même, mais de cette sorte de sincérité supérieure qui ne convainc pas la foule, se révolta. Il tint bon pour ne louer dans son discours que ce qui lui paraissait louable en Napoléon, et ne point dissimuler ses réserves. II méritait mieux que l'épigramme, d'ailleurs fine, qu'avait lancée précédemment sur lui l'Empereur après avoir refusé la grâce de son cousin : " Il écrira quelques pages pathétiques qu'il lira dans le faubourg Saint-Germain ; les belles dames pleureront, et vous verrez que cela le consolera. " Un homme était où l'autre ne reconnaissait qu'un bel esprit. Faut-il s'en étonner ? L'intelligence qui anime un caractère de tyran est réduite à la con- ception de soi-même : elle ne peut comprendre autrui sous peine de retenir sa volonté, et de laisser passer le temps — ce qui est sensation atroce et néfaste pour un esprit toujours en éruption autoritaire. Réfléchir, il faut bien se le dire malgré le regret que la constatation comporte pour les idéalistes, est difi^érer l'action. Napoléon hésitant — les deux mots jurent d'être accouplés. Moraliser sur Napoléon serait désuétude, si l'on

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