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NOTES 757

Et pour que le tranchant du fer qui le taillade, Au delà de la fibre et de T aubier vivant, Rencontre au cœur du tronc la chair de la Dryade Et que j' empourpre encor la sève de mon sang.

Ces strophes un peu hautaines n'en excluent pas d'autres d'une fluidité toute familière. On voudrait citer en entier cette souriante et comme confidentielle Lettre de Rome :

Je vous écris ce soir de la Ville Eternelle... Sa poussière héroïque a touché ma semelle ; Je respire une odeur de marbre et de laurier. Et ma plume a mes doigts tremble sur le papier En y traçant ce mot sonore et grave : Rome. L'hôtel est convenable et T hôtelier brave homme ; Il a Vair d'être Suisse et porte un nom romain. Ma chambre est vaste et l'on doit m' éveiller demain A six heures. Je suis arrivé à la gare Qu'il faisait déjà noir. Tai dîné. Mon ctgare Sera presque fumé sitôt ce mot écrit...

J. S.

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LES FRERES KARAMAZOV, par MM. Jacques Copeau et Jean Croué (d'après Dostoïevski) au Théâtre des Arts.

Des mille raisons qui semblaient rendre impossible la trans- cription dramatique des Frères Karamazov, voici, je pense, la plus grave : l'abondance extraordinaire du roman est un des éléments essentiels de sa beauté ; il ne serait pas ce qu'il est, un des plus accablants chefs-d'œuvre de la Uttérature, s'il avait cent pages de moins. On y trouve une quantité de passa- ges inutiles à l'intrigue, des dissertations étranges, des épisodes secondaires que l'on a cru pouvoir détacher du drame principal (Les Précoces), une immense discussion philosophique entre Ivan et Aliocha. Nul roman n'est fait pour tenter davantage les élagueurs et ceux qui, en lisant un livre, rêvent d'abord

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