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75^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Ton beau corps langoureux dont caresse l'argile La flamme du Désir,

��Je raille ces Amants douloureux et farouches

Dont l' amer e fureur S'irrite et se nourrit, de l'écume à leurs bouches.

Des orages du cœur.

Une série d'ingénieux et fermes sonnets réunit des médailles, non plus " d'argile " mais de bronze et d'argent. La mémoire de José- Maria de Heredia y reçoit le plus touchant et le plus noble hommage :

Ainsi qu'Alphésibée imite dans Virgile Les satyres dansants que surprend le matin, O mon maître, f essaie, à mon souffle incertain, De retrouver ta voix sur ma flûte fragile.

A part, encore, une série En marge de Shakespeare, le volume est composé de poèmes amoureux amples, aisés, charmants, tantôt sensuels et mélancoliques, tantôt pleins de cette sagesse dégagée, à quoi l'on ne parvient qu'à force de culture, de goût, et quand la vie ne vous a pas marchandé ses richesses. Il y a un stoïcisme du bonheur ; il ne coûte pas de grandes victoires sur soi-même ; c'est un sentiment de politesse, une façon de se réserver, de ne pas se montrer insatiable ni trop dépendant de la fortune bienveillante :

// ne faut souhaiter de voir un trop long âge Et mieux vaut mourir tôt que de vivre longtemps, Car fol est qui s'acharne à porter au visage L'aspect de la vieillesse et le masque du temps !

Aussi, non dans l'hiver, mais en mon plein automne Veux-je que, d'un seul coup, m'abatte le destin. Pour qu'en tombant mon soir encore se couronne Du feuillage compact qui parait son matin.

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