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73^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

donne le nom de style à la manière simplette de con- struire., en campagne provençale, les édifices sacrés, toutes ces choses sont assez vieilles et nues^ mais elles encadrent, selon les plus heureuses proportions, une aire oit pousse, à la place exacte qu'il faut, un mar- ronnier, lui, merveilleux. C'est encore un peu V hiver, il n'a pas ses feuilles, mais rien que la touffe enche- vêtrée de ses hranchettes dépasse le haut des maisons. En fleur, il doit combler la place, comme le foisonne- ment d'un jet d'eau végétal. Ancêtre sans âge, qui saiif peut-être aussi vieux que l'église, rien qu'à le voir on a envie de lui prêter les qualités d'une personne vivante, mieux, de quelque divinité champêtre : on le devine bienfaisant et indifférent, résigné, hospitalier, un sage entre les arbres.

Sans doute par six ans d'accoutumance blasé sur ces plaisirs champêtres, l'abbé Pasiorelli n'y fait plus attention, pour l'instant surtout : car il attend des visiteurs de marque. Depuis des semaines et des semaines qu'étant allé voir à /'Ermitage M. et madame de Chatel, il les espérait à son tour, il a obtenu la promesse formelle que ce serait pour ce jour-là. Enfin il les aperçoit qui montent par le sentier aboutissant à la place entre l'église et le presbytère. Il rentre préci- pitamment chez lui, échange son bréviaire contre un bâton à gourmette de cuir et vole au-devant d'eux, agile comme un bouquetin. C'est avec effusion qu'il les ramène.

Tout à coup il s'arrête, désignant du bout de son bâton une des maisons clairsemées qui bordent la route et qui forment à Opio comme une espèce de faubourg hors les murs.

L'Abbé Pastorelli. — Hein ! est-ce qu'une de ces

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