Page:NRF 5.djvu/709

Cette page n’a pas encore été corrigée

PETITS DIALOGUES GRASSOIS 7^3

réserver, dans dix ans, le coup de théâtre d'une cave merveilleuse !

Monsieur de Chatel. — Dans dix ans, nous serons peut-être conservateurs de musée ou colons dans ime île du Pacifique, et ce vin serait certainement si dépouillé qu'il n'aurait plus qu'un goût prononcé d'eau claire. (// saisit une bouteille^ r examine). Mais, c'est un très vieux cru. Un flacon de novembre dernier !... Vous ne savez donc pas que le sable de madame Bellandou, cuit par le soleil de madame Bellandou, décuple l'effet des années. Vous le reconnaîtrez tout à l'heure.,. Allons, ne pleurez plus, cachottier. Prenez, comme moi, trois de ces pou- dreuses bouteilles et remontons à l'air libre. [Ils grimpent le minuscule escalier taillé dans le tuf, vont disposer leur fardeau sur la table du salon oriental du re7.-de-chaussèe ou le couvert est mis et reviennent enfin sur la terrasse). Là ! maintenant, je crois que tout ira à peu près, n'est-ce pas? Maurice. — Rassurez-vous. L'abondance ruisselle. Et puis, vous avez fait tellement de provisions, que même si la moitié manquait, il y aurait encore de quoi remplir douze personnes.

Monsieur de Chatel. — Dans ce pays invraisem- blable, il faut s'attendre à tout. Que nous importe de recevoir des pots d'olives de dix provenances à la fois, si le pain manque ?

Maurice. — Rien ne manquera, soyez tranquille. Monsieur de Chatel. — Que fait ma femme ? Maurice. — Elle estime que sept jours sur huit suffi- sent à préparer un déjeûner et qu'il faut se reposer le huitième. Elle s'habille et elle a tout le temps d'être prête, d'ailleurs.

�� �